
Casimir Clottes, le poète occitan (1872-1924)
Né à Cassaignes en 1872, Casimir Clottes, le poète occitan, sera postier à Limoux, en Indochine, à Carcassonne, à Sète, et enfin à Paris.
De 1911 à sa mort, il adhérera à l’Escolo Moundino’ de Toulouse, qui publiera quelques-uns de ses premiers poèmes dans sa revue Terra d’Oc.
Il mourra à Paris en 1924 et, selon sa volonté, son corps sera transféré dans l’Aude à Raissac-sur-Lampy.
Après sa mort, le linguiste Louis Alibert révisera et rassemblera en volume l’essentiel de sa production sous le titre « A la clarou del calelh ».
LE POUL
A Jean Camp en gran-mercès.
Es sourtit, doussoment, de dins la galinièro,
E, tout vouletejan es mountat sul garbiè,
Per s’i pausa d’aploum e s’i sabe prumiè
A gaita dins le fousc de l’albo matinièro.
Sap pla de quun coustat ven le journ ; e l’espèro,
Trefousen de la pôu que’l mèstre-campaniè
Derevelhat trop lèu, mounte dins le cluquiè
Per fa sauta del lèit bourat e bouratièro.
Lèu, darré le sarrat uno pallo clarou
Marco d’un journ nouvèl la primièro coulou ;
Ardit ! l’unglet sarrat, la plumo estarrufado,
Ambe’l panche batent qu’i couflo tout le col,
Le poul jèto tres cops soun crit de revelhado
E le soulelh sourtis, rouge coumo un païrol !
LE COQ
Il est sorti furtivement hors du poulailler
Et s’est en voletant hissé sur le gerbier
Pour s’y poser d’aplomb et s’y savoir premier
À regarder dans le flou de l’aube matinale.
Il sait bien de quel côté vient le jour ; et il l’attend
Frissonnant de peur que le maître sonneur
Éveillé trop tôt monte dans le clocher
Pour faire sauter du lit métayer et métayère.
Bientôt, derrière la colline, une pâle clarté
Marque d’un jour nouveau la première couleur ;
Hardi ! l’ergot serré, la plume hérissée,
Avec le jabot ballant qui gonfle tout son cou,
Le coq jette trois fois son cri de réveil
Et le soleil paraît, rouge comme un chaudron.
« S’il est un poète dont la langue semble sourdre de la terre même,
rejaillir sur les rochers, miroiter au soleil et se charger du parfum des arbres et des fleurs,
c’est bien celle de l’enfant de Cassaignes »
écrivait Raymond Courrière, ancien président du conseil général de l’Aude.